Page 15 - CCI GUTYANNE- 2017 - Par Bucerep
P. 15
Sur ce rachat du Cric-Crac, le magazine Georges Patient, Sénateur de la Guyane :
Le Développement a voulu connaître
l’avis d’un certain nombre de décideurs. « Je n’aime pas beaucoup le terme « classe de dirigeants » qui
sous-entend un entre soi fermé à la majorité de la population.
Le Développement : Le rachat du Cric Crac, le complexe L’initiative économique et le dynamisme entrepreneurial doivent être
hôtel-restaurant-discothèque, par le groupe GSF semble prouver accessibles à tous. Le rôle de la CTG est justement de créer les
que l’entrepreunariat guyanais possède encore de solides ressorts. conditions favorables à la création d’entreprise et d’accompagner
Quelles initiatives prendriez-vous, en tant que responsable politique, ceux qui ont la volonté, l’envie de se lancer. Pour cela, il serait
pour créer les conditions de l’émergence d’une véritable classe de bon de constituer un guichet unique à destination des créateurs
dirigeants guyanais ? regroupant aides au démarrage, accompagnement et formation des
dirigeants.
David Riché, Président de l’Association des Maires de
Guyane : Nous devons nous attacher au développement d’une culture de
l’entrepreneuriat. L’esprit de l’entrepreneuriat, j’en suis absolument
« On constate bien que l’initiative privée tend à se développer sur convaincu, existe chez nombre de nos concitoyens. Reste à le
notre territoire et la démographie exponentielle, que connait la valoriser, à l’encourager, peut-être à l’orienter vers les occasions les
Guyane, ne peut être qu’un facteur positif pour l’entrepreneuriat. plus durablement intéressantes.
Cependant nous devons plus que jamais favoriser la formation
de nos jeunes entrepreneurs, notamment par le biais d’une école Il faudra développer chez les Guyanais le goût de l’épargne, ce qui
dédiée à la Chambre de commerce, et faciliter les prêts liés à aura au final comme résultat de permettre l’allongement de l’horizon
l’activité économique pour ces mêmes jeunes. En résumé, nous de décision et de diminuer le taux de mortalité des entreprises.
avons tout intérêt à compter et à donner toutes les chances à notre
jeunesse guyanaise sinon ce seront les autres qui viendront faire... ». Si les investissements d’origine locale ont intérêt à être privilégiés,
parce qu’ils seront mieux intégrés dans le contexte, parce qu’ils
Chantal Berthelot, députée de la 2ème circonscription de permettront des réalisations qui auront valeur d’exemple, il ne faut
la Guyane : pas pour autant refuser d’accueillir les investissements extérieurs
ou étrangers. Ils peuvent contribuer à la croissance, notamment
« Mon travail parlementaire me permet d’alerter le gouvernement dans les secteurs où les entrepreneurs locaux n’ont ni la capacité,
sur les enjeux et les besoins de la Guyane, et d’adapter, au cas ni le désir de réaliser les implantations industrielles. Il est impératif,
par cas, les mesures prises au niveau national à nos particularités dans ce cas, d’analyser les projets à la lumière des objectifs du
et réalités locales. Notamment pour encourager le développement développement local : quelles sont, ou seront, à long terme, les
d’une offre de formation disponibles allant du CAP jusqu’au réelles retombées de ces investissement dans les pays qui les
doctorat correspondant aux besoins de notre territoire. Pour faciliter reçoivent ? Dans quelle mesure le projet s’insère-t-il, prend-il en
le retour de nos forces vives qui ont été acquérir de l’expérience compte, le contexte local ? Ce sont nos objectifs que doivent servir
à l’extérieur et accompagner la montée en compétence du les investissements extérieurs. A nous de les en convaincre ».
personnel et de l’encadrement. Pour développer les sources de
financement, indispensables à l’émergence et à la concrétisation Nestor Radjou, économiste et président du think tank
entrepreneuriales. Il est également indispensable de renforcer Expertise&Développement :
l’ingénierie de projet pour accompagner les entrepreneurs guyanais.
L’émergence d’une véritable élite entrepreneuriale en Guyane « Au vu de ce rachat, un effet d’aubaine, considérer que
dépendra de la capacité de nos exécutifs locaux à permettre à l’entreprenariat guyanais à de solides ressorts, est vite dit. Les
nos entrepreneurs, nos innovateurs, ceux qui créent de la valeur capitaux sont trop souvent orientés vers le secteur protégé
ajoutée sur notre territoire, de pouvoir pérenniser leur activité. Le (distribution, commerce, BTP …) au détriment de la création
développement de notre territoire passe aussi par la multiplication de la base productive de l’économie guyanaise. Certes, dans la
d’exemples de réussites qui créeront une émulation ». situation actuelle, les investissements dans les secteurs primaire
et secondaire sont très risqués et nécessitent la mobilisation
d’importants capitaux, des savoirs et des savoir-faire techniques
plus ou moins sophistiqués. Dans ces circonstances, un capitalisme
local ne s’aurait s’épanouir sans la pleine garantie des pouvoirs
publics, et, dans cette perspective, la formation d’une classe
dirigeante et d’une élite organisée est un impératif qui requiert la
valorisation culturelle des sciences, des techniques et des valeurs
comme l’esprit d’initiative, l’effort, le sens des responsabilités …. »
propos recueillis par René Ladouceur
Le Développement // Mars 2017 // N°114 13