Page 15 - Chargement ... BULLETIN DE KILSTETT - N 57 - 2025 - BY BUCEREP
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Histoire




                                                                                Témoignage :
                                                                                Marguerite FORR se souvient.
                                                                                     ès le début des combats, en
                                                                                     novembre 1944, Marguerite HOM-
                                                                                DMEL, ses parents, leurs voisins, les
                                                                                familles VELTZ, SEILLER et HUSSELMANN
                                                                                se sont réfugiés dans la cave de la maison
                                                                                de la famille BLAESS (actuellement située
                                                                                au 7, rue du Lieutenant de Bettignies). Ils
                                                                                y sont restés jusqu’en février 1945. Mar-
                                                                                guerite nous raconte son quotidien et ses
                                                                                angoisses durant cette période.
                                                                                « J’avais 7 ans lorsque mes parents, avec nos
                                                                                voisins, ont décidé de trouver refuge dans la
                                                                                cave de la famille BLAESS. Il devenait trop
                                                                                dangereux de sortir à cause des tirs des sol-
                                                                                dats. Nous avions emporté matelas, couver-
                                                                                tures et oreillers pour dormir sur des planches
                                                                                en bois. Toutes les familles partageaient
                                                                                la même pièce. Les repas étaient souvent
                                                                                préparés collectivement dans la buanderie
                                                                                attenante, par Marie Veltz, aidée des autres
                                                                                femmes. Chacun contribuait comme il pou-
                                                                                vait, apportant ce qu’il lui restait : pommes de
                                                                                terre, légumes, oies, poules…
                                                                                Pendant les accalmies, les adultes en pro-
                                                                                fitaient  pour  chercher  des  provisions  ou
                                                                                s’occuper des animaux, tandis que nous, les
                                                                                enfants, tentions de nous distraire et de jouer
                                                                                un peu.
                                                                                Ce qui m’inquiétait le plus, c’était lorsque les
                                                                                adultes retournaient à leur ferme, risquant
                                                                                leur vie à chaque instant. Malheureusement,
                                                                                c’est ce qui est arrivé à mon grand-père. Le 19
                                                                                janvier 1945, alors qu’il était retourné nourrir
                                                                                son cheval, il a été frappé par un éclat d’obus
                                                                                à l’entrée de sa maison. Les soldats l’ont
                                                                                transporté en jeep jusqu’à la clinique Sainte-
                                                                                Anne, où il est décédé dans la nuit.
                                                                                Une autre source d’angoisse était le passage
                                                                                des soldats, surtout la nuit. Une fois, c’était
                                                                                des Allemands, la fois suivante des Français.
                                                                                Je me souviens particulièrement de deux sol-
                                                                                dats allemands qui ont fait irruption dans
                                                                                la cave, menaçants et armés d’un lance-gre-
                                                                                nades antichar. L’un d’eux nous a crié : "Befin-
                                                                                den sich hier Amerikaner oder Franzosen?
                                                                                Wehe ihnen, wenn ihr die Wahrheit nicht
                                                                                sagt, dann fliegt die ganze Bude in die Luft!"
                                                                                ("Y a-t-il des soldats américains ou français
       Exposition « Les 80 ans de         Cette exposition sera déplacée à la Salle   ici ? Gare à vous si vous ne dites pas la vérité ;
                                                                                toute la baraque sautera."). Un voisin leur a
       la libération de Kilstett »        de la Musique et de la Culture lors des   répondu qu’il n’y avait aucun soldat dans la
                                          commémorations qui auront lieu le 5 jan-
       À l'occasion du 80  anniversaire de la libé-  vier et le 18 janvier. Elle est réalisée en   cave, mais qu’ils devaient vérifier les étages
                     e
       ration de Kilstett, la Bibliothèque Munici-  partenariat avec la commune de Kilstett   eux-mêmes. Nous n’étions jamais vraiment
       pale de Kilstett vous invite à l’exposition   et l’association « Les Gardiens du Rhin »   rassurés. À tout moment, les combats repre-
       « Les 80 ans de la libération de Kilstett » du   et visible aux horaires d’ouverture de la   naient, accompagnés du vacarme des mitrail-
       7 janvier 2025 au 15 février 2025 (sauf le   Bibliothèque (Mardi : 15h-17h30 / Mer-  lettes, des chars et des bombardements.
       17 et le 18 janvier).              credi  : 10h30-12h30 / Vendredi : 17h-19h /   Dans cette barbarie, j’ai une pensée parti-
       À travers des panneaux, vous pourrez   Samedi : 10h-12h).                culière pour un pilote. Un jour de janvier, il
       mieux comprendre les combats durant les                                  a longuement survolé les maisons de notre
       mois précédant la libération du village,                                 quartier avant de larguer une bombe dans
       pour ne pas oublier le lourd tribut payé                                 un verger, à quelques dizaines de mètres de
       par des hommes pour permettre à Kils-                                    notre cave, épargnant ainsi la vie de tous les
       tett d’être enfin libéré.                                                réfugiés. »

                                                 KILSTETT INFOS N ° 57 / Janvier 2025                             15
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